La semaine de 4 jours, un avantage pour les employeurs et pour les salariés ?
Travailler moins pour gagner le plus possible est-il la clé de la productivité et du bien-être des employés ? Des milliers de travailleurs britanniques participent au test de la semaine de 4 jours pour répondre à cette question.
La semaine de 4 jours : une solution aux problèmes du marché du travail ?
De juin à décembre, plus de 3000 salariés de 70 entreprises de secteurs très variés (restaurations, industrie pharmaceutique, conseil, …) vont travailler 4 jours. Selon le Guardian, ce projet examinera l'impact de ce modèle sur l'économie et les travailleurs. Cette expérience vise aussi à inciter les entreprises britanniques à rallonger les week-ends à trois jours pour rendre certains jobs plus attractifs : un vrai défi au Royaume-Uni, où 1,3 million de postes sont vacants, dans des secteurs allant de l’hôtellerie à l’assistance sociale, un problème amplifié par la pandémie.
La « 4 Day Week Campaign » est organisée par 4 Day Week Global en partenariat avec le think-tank Autonomy. Plusieurs universités, dont Oxford, Cambridge au Royaume-Uni et Boston College aux États-Unis, participent aussi à l’expérience. Ils considèrent la semaine de travail de quatre jours comme une évolution inévitable : ce modèle devient la norme, de plus en plus de cadres et managers se concentrant désormais plus sur la qualité des résultats que sur les heures travaillées.
D’après l’étude menée par 4 Day Week Global, la productivité moyenne des salariés britanniques est de 2 heures et 53 minutes par jour. L’Anatomie of Work Index 2021 (enquête auprès de 13 000 salariés à travers le monde dont 2 000 en France) donne une estimation : le temps « perdu » au travail équivaut à un jour par semaine. Passer à la semaine de 4 jours au lieu de 5 peut alors être une bonne stratégie : moins de temps pour se laisser distraire ou effectuer des tâches inutiles. Les employés peuvent bénéficier d’un tel changement : plus de concentration, d’organisation et de productivité.
Plusieurs tests sont déjà en cours
Plusieurs pays européens ont déjà tenté l’expérience :
- L’Espagne teste la semaine de quatre jours depuis le début de l’année.
- L'Islande a fait une expérience similaire au Royaume-Uni de 2015 à 2019. Plus de 2 500 employés du secteur public sont passés d’une semaine de 40 heures à 35 heures, sans impact sur le niveau d’emplois. Le bilan de cette expérience : la réduction des heures de travail n'entraîne pas une baisse de productivité. Au contraire, les employés ont déclaré être moins stressés et avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les résultats positifs de cette expérience ont ouvert la porte à des négociations intra-entreprise pour étendre la mesure : près de 90% de la population active islandaise travaillent désormais moins d’heures.
En France seulement 5 % des entreprises ont adopté la semaine de quatre jours, mais 64 % des salariés y sont favorables, selon une étude du magazine Forbes.
Les résultats en Angleterre : après 3 mois de test, les employeurs sont convaincus
Les premiers retours sur l’expérience sont positifs d’après un sondage de l’association 4 Day Week Global.
Ils ont constaté :
1. Une augmentation du bien-être des employés
- 88% des entreprises sont satisfaites de ce nouveau rythme de travail
- 86% d’entre elles envisagent de le pérenniser au-delà de la période de test de six mois
2. Un impact positif sur la productivité
- 46% ne remarquent pas de changement sur le niveau de productivité
- 34% estiment qu’elle s’est légèrement améliorée
- 15% affirment même qu’elle a sensiblement progressé
3. Le passage à la semaine de quatre jours s'est fait sans problème (5 signifiant "extrêmement facile" et 1 signifiant "extrêmement difficile") :
- 29% des répondants ont choisi "5" (extrêmement facile)
- 49% des répondants ont choisi "4"
- 20% des répondants ont choisi "3"
Dans le monde entier, des petites et grandes entreprises de divers secteurs ont adopté le modèle de travail à horaire réduit axé sur la productivité, avec le soutien de 4 Day Week Global. Des programmes pilotes seront également lancés en Amérique du Nord, en Irlande, en Australie et en Nouvelle-Zélande en 2022.
A lire : Comment fidéliser ses salariés ?
Sources : Welcome To The Jungle, Ouest-France, Les Echos